Les oiseaux des Jardins de Vénus
photos prises en janvier et février 2006 devant le collectif des Jardins de Vénus
Aigrettes garzettes, grands cormorans et autres oiseaux familiers du littoral qui fuient dès l'arrivée des premiers vacanciers vers des zones moins fréquentées sont de retour. Depuis le 25 septembre, les aigrettes garzettes réapparaissent sur le plan d'eau des Jardins de Vénus et un grand cormoran est venu le 27 septembre pratiquer son sport favori : la pêche sous-marine !

Voici quelques explications sur la vie et les moeurs de ces oiseaux qui vont passer l'automne, l'hiver et une partie du printemps sous nos yeux (du moins pour ceux d'entre nous qui ont la chance de vivre aux Jardins de Vénus toute l'année).

Aigrette Garzette

L'aigrette garzette, que nous avons choisi comme symbole de Vivre à Vénus, est une espèce protégée faisant l'objet de mesures de conservation spéciale concernant son habitat, afin d'assurer sa survie et sa reproduction dans son aire de distribution.

L'aigrette garzette, appelée également "héron blanc", a une taille d'environ 55 à 65 cm, une envergure de 83 à 95 cm, pour un poids de 500 g et une durée de vie de 9 ans.

Elle se distingue par un corps élancé et élégant au plumage blanc, un long cou et un bec noir très allongé, de longues pattes noires aux doigts jaunes. Lors de la reproduction, 2 ou 3 plumes ornent sa nuque et de fines plumes d'environ 20 cm naissent sur ses épaules, s'étendent sur le dos et retombent de chaque côté de la queue en panaches élégants. Ces plumes, appelées crosses, étaient autrefois très convoitées par les femmes pour leur valeur ornementale, qui ont valu à ces oiseaux le nom d'aigrettes.

L'adulte en plumage nuptial a la face bleu-grisâtre et les lores rougeâtres. On peut voir deux longues et fines plumes blanches en arrière de la calotte, s'étendant de la nuque à la moitié du cou. L'aigrette a aussi des “aigrettes”, de longues plumes sur le haut de la poitrine, ainsi que sur les scapulaires, allant en se recourbant sur la partie supérieure du corps. A cette période, la base de la mandibule inférieure est grisâtre. Les doigts sont jaune-orangé vif, même parfois rosâtres pour une courte durée.

En plumage d'hiver, le bec est noir, les lores sont grisâtres et les doigts sont jaunes pâle ou jaune-verdâtre. L'aigrette garzette à ce moment-là n'a pas les longues plumes de la nuque, ni les aigrettes sur son corps. Les yeux sont jaune pâle. Les deux sexes sont semblables.

Le juvénile ressemble à l'adulte en hiver, avec le bec et les pattes plus ternes ou verdâtres et les doigts gris-verdâtre, offrant moins de contrastes.

L'aigrette garzette est habituellement silencieuse, excepté dans les colonies de nidification. On peut entendre un “kgarrk” râpeux ou un “aaahk” quand elle s'envole ou sur les aires de nourrissage.

L'aigrette se trouve dans une large variété de zones humides ouvertes, à l'intérieur des terres ou en zone côtière, dans des eaux peu profondes autour des lacs, près de rivières, des fleuves et dans les estuaires. La plupart des oiseaux sont résidents, mais les populations du Nord migrent vers l'Afrique ou le Sud de l'Asie.

Cet oiseau chasse près de la végétation flottante, cherchant ses proies à l'ombre. Parfois, elle s'accroupit, avec les ailes partiellement déployées pour réduire la réverbération du soleil et procurer de l'ombre afin d'attirer quelque proie sous la surface de l'eau. Elle effectuera aussi des courses précipitées dans les zones peu profondes. Elle peut transpercer une proie dans l'eau en marchant lentement. On peut aussi la voir debout sur une seule patte, tandis qu'elle remue la vase avec l'autre pour effrayer les poissons, ou faisant des vagues avec la même patte sur la surface de l'eau pour prendre ses proies au piège et les amener près de son bec.

Elle chasse seule ou en petits groupes avec d'autres espèces d'ardéidés, mais les oiseaux sont relativement éloignés les uns des autres, défendant leur zone de nourrissage agressivement. Ils dorment avec d'autres espèces de hérons et d'aigrettes dans les roselières ou sur des branches mortes en eaux découvertes.

Elle niche dans les roselières, les zones broussailleuses humides ou les arbres près de l'eau, à une hauteur de 20 mètres. Le nid est une plate-forme faite de brindilles ou de roseaux. Le mâle apporte le matériel à la femelle qui construit le nid. La femelle dépose 3 à 5 oeufs bleu-verdâtre clair, à intervalles de un à deux jours. L'incubation commence avec le premier oeuf pondu, et dure environ de 21 à 25 jours, partagée par les deux parents. Chaque adulte couve pendant trois à quatre heures, et quand il est temps de changer, les deux adultes gonflent leurs plumes et se font des courbettes en face l'un de l'autre, tout en lançant leur “ aaahk-aaahk-aaahk ” rauque et prolongé.

Les poussins naissent couverts de duvet blanc, et avec le bec et les pattes roses, devenant très vite bleu-grisâtre. Ils sont nourris par les deux parents avec de la nourriture régurgitée directement dans leur bec. Au bout de trois semaines, les jeunes quittent le nid pour s'aventurer dans les branches proches. Ils ne sont pas encore capables de voler mais ils sont très agiles, marchant aisément sur les branches. Ils effectuent leur premier vol au bout de cinq semaines avec leurs parents, apprenant à voler et à chasser en eaux peu profondes. Ils dorment au nid chaque nuit avec la colonie.

L'aigrette se nourrit de petits poissons, grenouilles, lézards, vers, crustacés, mollusques, et d'une grande quantité d'insectes.

A la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, les plumes d'aigrettes étaient très demandées pour décorer les chapeaux des dames, et les oiseaux étaient tués alors qu'ils nourrissaient leurs petits qui, abandonnés, mouraient.
Aujourd'hui, ces oiseaux sont menacés par la perte de leur habitat et par la pollution. La population d'Aigrette garzette se maintient stable. Les problèmes principaux pour l'espèce sont la disparition et la modification de son habitat dues au drainage, au développement urbanistique et à la mise en culture.

Le Grand Cormoran

Le Grand Cormoran est également une espèce protégée, d'une taille de 80 à 100 cm, d'une envergure de 130 à 160 cm, d'un poids de 2 à 2,5 kg et d'une longévité de 20 ans.

L'adulte en plumage nuptial est tout noir, avec des reflets bleu et vert bronze. Le dos est gris-bronze avec des lisérés foncés. La queue est noire et assez longue. Une tache blanche sur la cuisse apparaît pendant la période nuptiale.
La tête est noire, avec quelques plumes blanches sur la crête peu fournie composée de quelques plumes plus longues. Les joues et la gorge sont blanches. Les yeux sont verts, allant de l'émeraude au turquoise. Le bec légèrement crochu et puissant est noirâtre avec la base jaune. Les pattes et les doigts palmés sont noirs. En dehors de la période nuptiale, le grand cormoran perd la plupart de ses plumes blanches et a un plumage plus terne.

Les deux sexes sont semblables. Le mâle est légèrement plus grand que la femelle, et a un bec plus grand. Le juvénile a le cou brunâtre et l'abdomen blanc. La poitrine, le cou et les flancs sont parfois tachetés de brun clair. Le jeune de deuxième année ressemble à l'adulte, mais il est plus brun.

Le grand cormoran émet des croassements gutturaux au nid et au dortoir. Il est habituellement silencieux en dehors des colonies. Il vit sur les côtes rocheuses ou sablonneuses, dans les estuaires, près des lacs et des grands cours d'eau. Il niche sur les falaises et les îles rocheuses, et se nourrit dans les eaux abritées. Il hiverne le long des côtes.

Le grand cormoran se nourrit principalement de poisson. Il plonge pour capturer sa proie avec le bec, et il est capable de rester sous l'eau pendant plus d'une minute. Il remonte le poisson à la surface afin de l'étourdir en le secouant et de le lancer en l'air pour le retourner avant de l'avaler. Il nage sous l'eau afin de poursuivre sa proie, utilisant uniquement ses pattes palmées pour se propulser. En dehors de la période nuptiale, les cormorans peuvent pêcher en petits groupes mais ils sont souvent vus isolés. Le grand cormoran a été observé en train d'avaler des petits cailloux quand il a besoin de plus de poids pour plonger facilement. Il les régurgite après s'être nourri.

Le grand cormoran a des plumes spéciales qui permettent à l'air de sortir et à l'eau de pénétrer dans le plumage. La nage sous l'eau est alors plus efficace. Mais cela veut dire aussi que l'oiseau doit faire sécher son plumage dans cette position caractéristique qui nous le montre ailes largement ouvertes. Cette pose aide probablement aussi à la digestion. Il consomme environ 400 à 700 grammes de poisson par jour. Le grand cormoran se nourrit principalement de poisson et d'invertébrés aquatiques.

Son envol est laborieux, nécessitant quelques bonds à la surface avant de s'élever. Quand ils volent en groupes, ils adoptent une formation en V lâche.

Cette espèce est grégaire et niche en colonies sur les corniches des falaises, dans des arbres, sur les côtes ou à l'intérieur des terres.

Le grand cormoran se reproduit à n'importe quel moment, selon les ressources alimentaires des lieux. Le nid est une grande structure faite de rameaux de bois et d'algues, tapissé de matériaux plus fins. Les deux parents construisent le nid sur un arbre bas, sur le sol, sur les corniches des falaises ou sur des pentes abruptes.

Les colonies peuvent comprendre jusqu'à 2000 couples, bien que des colonies plus restreintes soient typiques.

La femelle dépose 3 à 4 oeufs blanc-bleuté. L'incubation dure environ 29 à 31 jours, assurée par les deux adultes. Ils utilisent leurs grands doigts palmés, en plaçant les oeufs sur le dessus de leurs doigts, pour les réchauffer contre leur corps.

Les poussins naissent à intervalles et les poussins sont nidicoles. Ils sont nourris par les deux adultes, d'abord avec du liquide régurgité, et plus tard avec de la nourriture solide qu'ils prennent directement dans la gorge des parents. Ils restent dépendants de leurs parents pendant 70 jours, mais prennent leur envol à 50 jours. Cette espèce produit une seule couvée par an.

Les grands cormorans ont été persécutés par les humains en tant que concurrents des pêcheurs, et dans le passé, cette espèce fut presque anéantie. A présent, avec les efforts de conservation, les nombres augmentent et les statuts de cette espèce sont stabilisés.