Les petites bêtes des Jardins de Vénus
photos prises le 4 août 2007 aux Jardins de Vénus
L'Argiope frelon ou Araignée zèbre

L’argiope frelon (argiope bruennichi), encore appelée argiope fasciée ou épeire fasciée ou bien encore araignée zèbre se distingue par son superbe corps rayé de jaune, de noir et de blanc, ressemblant au corps d'une guêpe ou d'un frelon. D’une taille avoisinant les deux centimètres, elle tisse dans les haies, les grandes herbes ou les lisières de forêts, aussi bien dans les zones humides comme les roselières que dans les végétations basses, du moment que l’ensoleillement est intense, une toile géométrique, à moins d’un mètre de hauteur, pratiquement invisible. Il s’agit en fait d’un véritable piège à insectes. Cette toile, qu'elle tisse en une heure, comporte environ 30 rayons.

Sur cette toile se trouve le "stabilimentum". C'est un motif blanc en zigzag dont le rôle n'est pas clairement établi. Selon certains auteurs, ce dispositif est destiné à attirer les proies du fait de sa grande brillance dans le spectre des ultra-violets que les insectes perçoivent. Une autre théorie affirme que le "stabilimentum" sert à renforcer la toile et à la stabiliser pour la rendre apte à capturer sans dommage des insectes de grande taille comme les sauterelles dont l'argiope frelon est très friande. Ce dispositif semble aussi servir à l'araignée à réguler la fréquence de vibration de sa toile pour lui permettre d'estimer la taille des insectes capturés qui vont de la simple mouche jusqu'au criquet. Chaque jour, ou après destruction de l’édifice suite à une capture par exemple, l’argiope détruit sa toile, récupère la soie, la recycle avant de reconstruire une nouvelle toile toute neuve et tout aussi performante.

Technique de chasse

L'argiope frelon se nourrit principalement de sauterelles, de mouches et d'abeilles, et peut dévorer jusqu'à 4 sauterelles par jour. Les femelles adultes sont capables de maîtriser les gros criquets. Plus jeune, l'argiope frelon est déjà capable de venir à bout d'insectes imposants (libellules, gros taons).

En attendant ses proies, l'araignée se tient au centre de sa toile, sur le stabilimentum, la tête en bas, deux pattes antérieures réunies. Elle fait vibrer sa toile si on la dérange, système de défense probablement dérivé de sa technique de chasse, qui consiste à remuer le filet quand une proie s'y prend afin de mieux l'emprisonner, et si le danger persiste, elle se laisse tomber au bout de son fil de sécurité.

L'araignée immobilise sa proie grâce à un venin paralysant inoculé par l'intermédiaire des crochets portés par les chélicères au sommet desquels s'ouvre un minuscule orifice. Comme chez les autres araignées, l'Argiope dilue les chairs de sa victime, grâce à son venin et surtout ses sucs digestifs que l'araignée régurgite.

Le mâle est condamné à mourir…

Si un mâle, beaucoup plus petit que la femelle (environ 1/2 cm), s’approche d’elle en dehors de la période d’accouplement, il subira le même sort que les proies habituelles. De toute façon, il ne perd rien pour attendre… Le mâle est en effet tout simplement condamné à mourir durant la reproduction qui ne dure qu'environ trente minutes : il possède deux appendices nommés pédipalpes, au bout desquels se situent les bulbes terminés par des stylets. Ce sont ces stylets qui pénètrent la spermathèque de la femelle et, lorsque le male a rempli sa mission, il abandonne son organe reproducteur dans la femelle, rendant impossible la fécondation de celle-ci par un "concurrent" et meurt foudroyé, les pattes se repliant sous son corps. La mort en pleine reproduction est caractéristique de l'espèce et rare dans le monde animal. Après l’accouplement, le mâle est liquéfié et absorbé.

La spermathèque de la femelle emmagasine le sperme et permet plusieurs pontes successives. Après l'accouplement, qui a lieu en été, la femelle pond rapidement 200 à 300 œufs dans un cocon de couleur brune suspendu dans les graminées un peu au dessus du sol. Les œufs hivernent à l'abri du gel. Les juvéniles sont présents du début du printemps à l'été, les adultes de la moitié de l'été à l'automne, et les cocons tout l'hiver.

Originaire du Bassin méditerranéen, l'argiope frelon se rencontre désormais dans toute l'Europe centrale et septentrionale.