Espèce assez rare, la Dolomède ne fréquente que les zones humides et ses abords immédiats. Elle se distingue des autres araignées du fait de sa capacité à fréquenter les eaux stagnantes (mares, tourbières,
). Son corps est en effet recouvert de poils hydrofuges qui lui permettent dune part demprisonner de loxygène et donc de simmerger quelques minutes et dautre part de marcher sur leau.
Ses adaptations lui permettent de se spécialiser dans la capture des alevins, têtards, ainsi que des très nombreux invertébrés aquatiques.
Ces araignées semi-aquatiques attirent souvent l'attention par leur grande taille, qui peut atteindre 2,8 cm chez certains spécimens. Les femelles sont généralement un peu plus grandes que les mâles. Selon les espèces, la teinte des Dolomèdes varie du gris-brun au brun verdâtre. Les chevrons, les lignes et les points qui ornent la partie dorsale de leur abdomen permettent de les distinguer.
Une araignée mangeuse de poissons
Les Dolomèdes se nourrissent surtout de petits insectes, aquatiques ou autres (des libellules par exemple). Elles peuvent aussi manger des têtards et des petits poissons. Elles chassent leurs proies au sol, dans la végétation, à la surface de l'eau et sous l'eau. Les araignées sont incapables d'avaler des proies solides. La digestion doit être externe : le venin contient des sucs qui vont liquéfier la proie et permettre ainsi à l'araignée de l'ingérer.
Lorsqu'elle chasse au bord de l'eau, la Dolomède s'agrippe solidement à la rive à l'aide de ses pattes postérieures. Ses pattes avant sont placées de façon à maintenir un contact direct avec l'eau, ce qui lui permet de détecter les moindres vibrations en surface. L'araignée reste immobile jusqu'au passage d'une proie. Il s'agit souvent d'un insecte, mais un petit poisson fera aussi bien l'affaire. La Dolomède plonge alors sous l'eau et saisit sa proie avec ses pattes et ses chélicères. Par ces puissants crochets, elle injecte du venin à sa victime, qui succombe peu après. L'araignée transporte ensuite le poisson hors de l'eau. En prévision de son repas, elle couvre sa proie d'une sorte de salive contenant des enzymes digestives. L'animal est ainsi prédigéré avant d'être mangé par la Dolomède.
Toutes les araignées sont des prédatrices. Leur vue, malgré les huit yeux, est plutôt médiocre mais cette déficience est compensée par la présence, sur le corps et les pattes, de nombreux poils sensoriels. Les Dolomèdes ne s'attaquent pas aux humains et s'enfuient lorsqu'elles se sentent menacées. On rapporte toutefois de rares cas de morsures, douloureuses mais sans conséquence, chez des personnes qui ont manipulé ces araignées. On évitera donc de les prendre à mains nues.
Elle marche sur l'eau à 75 cm/sec
L'araignée utilise deux méthodes différentes pour se propulser rapidement à la surface. Si l'animal est très pressé, lorsqu'il fuit un ennemi par exemple, il galope en utilisant six de ses huit pattes. Il peut ainsi atteindre une vitesse de 75 cm par seconde. L'autre type de propulsion est plus lent, avec une vitesse de pointe à moins de 20 cm par seconde. Il s'agit d'un mouvement comparable à la rame, durant lequel l'araignée utilise quatre de ses pattes munies de poils hydrofuges. Elle repousse l'eau en la touchant à peine, utilisant le phénomène de tension de surface du liquide.
Elle reste 30 minutes sous l'eau
Les Dolomèdes peuvent respirer sous l'eau durant quelques minutes sans problème grâce à l'air emprisonné sous les poils qui recouvrent leur corps. On rapporte que Dolomedes tenebrosus peut tenir plus de 30 minutes sans remonter à la surface, à condition de rester immobile.
Elle tisse un cocon
Si chez la plupart des araignées le mâle exécute une réelle parade nuptiale, chez les Dolomèdes, le mâle se contente d'agiter, l'une après l'autre, ses pattes antérieures vers la femelle afin de diminuer les tendances prédatrices de celle-ci et de la rendre plus réceptive. L'accouplement est très bref, le mâle n'utilisant qu'une seule fois chacun de ses pédipalpes. Ensuite, il file, sans demander son reste
Après l'accouplement, la femelle Dolomède tisse un cocon de soie sphérique dans lequel elle pond ses ufs. La ponte a lieu au cours de l'été ou au printemps. La femelle transporte son cocon partout avec elle, même lorsqu'elle court à la surface de l'eau. Quand elle se déplace, l'araignée tient le sac d'ufs sous son sternum (partie avant de son corps) avec ses chélicères, les deux gros crochets situés près de sa bouche. Le cocon est parfois si volumineux que la femelle doit marcher sur le bout des pattes. Elle trempe souvent le sac dans l'eau, ce qui éviterait le dessèchement des ufs et diminuerait les risques de voir les ufs parasités par des insectes.
Les Dolomèdes sont très productives et peuvent pondre, sur une saison, plus de 1.000 ufs, en trois ou quatre cocons. Lorsque l'éclosion est proche, la femelle fixe son cocon dans la végétation et tisse une toile-nourrice qui abrite le cocon et sert de pouponnière. La toile-nourrice a la forme d'une tente ou d'une cloche. La femelle assure la protection du cocon jusqu'à l'émergence des jeunes. Les jeunes araignées n'ont pas d'yeux, ni de poils sur le corps. Après quelques jours, bien protégées par la toile et sous la garde attentive de la mère, les minuscules araignées subiront une première mue et auront alors des yeux rudimentaires et quelques soies mais toujours ni filières, ni surtout de glandes à venin indispensables pour se nourrir
Celles-ci n'apparaîtront qu'après la deuxième mue. En attendant, les petites araignées vivent sur les réserves vitellines.