Le ragondin, sa vie, son œuvre...
Article et photos extraits du site du ROC : http://www.roc.asso.fr/protection-faune/ragondin.html

Qui est le ragondin ?
Avec un poids de 6 kg, le ragondin (Myocastor coypus) est l’un des plus gros rongeurs connus. Il a une apparence de rat avec une queue cylindrique peu poilue mais il est adapté à la vie semi-aquatique (narines pouvant se fermer, yeux et narines placés sur le dessus de la tête et donc émergés lorsque l’animal nage, pattes postérieures palmées, fourrure composée de poils de jarre long et raides et d’une sous-fourrure ou poils de bourre, plus courts, denses et restant secs pendant l’immersion). Sa croissance et sa reproduction sont très rapides puisqu’ une femelle peut faire plus de deux portées par an, en moyenne de cinq jeunes. La puberté est atteinte en un trimestre avec une masse corporelle de 2 kg. Son régime alimentaire est à peu près strictement herbivore. Opportuniste, il mange ce qui est disponible et abondant dans son habitat, consommant environ un tiers de son poids chaque jour en végétaux (1).

D’où vient le ragondin ?
Le ragondin est originaire d’Amérique du Sud. Son habitat naturel est constitué de marais, marécages, bordures de rivières et lacs, certains de ces biotopes pouvant s’assécher en hiver. En 1925, il a été introduit en abondance en France pour constituer des élevages de fourrure. La mode étant passée, beaucoup ont été relâchés dans la nature et se sont établis dans notre pays comme dans plusieurs autres. Ses capacités reproductives et la quasi absence de prédateurs lui ont permis de prospérer.

Présent dans quasiment tout le territoire national, il se plait dans les zones humides et les climats doux comme la Camargue ou le Marais Poitevin. Hors de l’eau, le ragondin peut résister à des températures de -30°C mais quand les cours d’eau sont gelés, il a du mal à vivre et à se reproduire. Le réchauffement climatique lui sera sans doute favorable.

Quels problèmes peut-il poser ?

Bien que résistant, le ragondin peut-être porteur de diverses maladies et parasitoses, certaines transmissibles aux animaux domestiques et à l’homme, en particulier la leptospirose (les bovins le sont aussi ).

Du fait de son régime varié, il peut lui arriver de se nourrir dans les cultures voisines des zones aquatiques où il vit, en particulier celles de maïs. En période de gel, lorsque les herbes aquatiques sont hors d’atteinte, il peut occasionner par écorçage des dégâts parfois considérables dans les peupleraies. Mais son principal impact touche les ouvrages hydrauliques, creusant ses terriers dans les berges des canaux et les digues, il les endommage et pour les plus minées, elles peuvent céder lors des crues.

Comment « vivre avec le ragondin » ?

En Argentine, cet animal est régulé par plusieurs prédateurs et en particulier le caïman. En France, rien ne limite vraiment son expansion si ce n’est le froid et la nourriture. C’est donc une espèce invasive dans ses pays d’introduction. Il a pu être éliminé d’Angleterre après 34 années d’efforts et avant que son aire de répartition se soit trop étendue.

En France, étant maintenant présent à peu près partout sauf en altitude il n’est plus possible de l’éliminer. Comme le Faisan de Colchide, il fait désormais partie de la faune de notre hexagone.

La prévention fonctionne pour les dégâts aux cultures (clôture, éloignement des rives de la rivière ), elle est également possible, bien que plus lourde à mettre en oeuvre, pour les ouvrages hydrauliques (éloignement du pied de la digue, grillage…).

Il n’en reste pas moins que les dégâts causés peuvent rendre nécessaire localement des mesures de régulation des populations.

L’espèce est autorisée à la chasse et l’animal appartient à la liste nationale de ceux qui sont susceptibles d’être classés nuisibles par chacun des préfets en cas de dommages importants portant préjudice à des intérêts protégés.

Trois méthodes de régulation sont utilisées : le tir, le piégeage et l’empoisonnement.

* le poison : Ce moyen est le plus radical mais, outre que l’effet n’est pas immédiat et entraîne d’inévitables souffrances, les travaux récents montrent que le poison n’est pas vraiment contrôlable et touche bien d’autres espèces comme le vison européen déjà menacé. C’est donc un moyen à exclure.

* le tir : Il peut s’agir de battues effectuées lors des crues qui amènent les animaux à sortir de leurs terriers mais cela ne peut être qu’exceptionnelles, il peut aussi s’agir de tir de nuit notamment en zone urbaine. Le tir évite la souffrance si l’animal est tué net

* le piégeage : il faut privilégier la cage piège. Il peut être onéreux nécessitant parfois l’embauche ou la rétribution de personnels et les moyens financiers utilisés pour les campagnes de poisons pourraient utilement être affectés à cet usage. Le piégeage ponctuel ne résout pas les problèmes car le ragondin tué est vite remplacé. L’efficacité maximale est atteinte si la campagne de piégeage a lieu à chaque fin d’hiver, et si l’action est coordonnée entre plusieurs communes pour couvrir une zone humide délimitée (l’idéal étant de viser le bassin versant ).

Il faut signaler que le ragondin peut aussi être déterré, ce procédé cruel est peu efficace, et il a le défaut de pouvoir contribuer à fragiliser les digues, ce qui est contraire au but recherché.

(1) : « Le ragondin, biologie et méthodes de limitation des populations », seul ouvrage sur cette espèce, publié sous le direction de Pierre Jouventin et al, édité en 1996 chez Acta, 149 rue de Bercy, Paris.