Qui n'a pas été intrigué au bord du plan d'eau par de drôles de tubes surmontés d'une sorte de corolle et qui disparaissent dès qu'on les approche. Cela ressemble bien à un végétal, mais il n'en est rien. C'est un animal appelé spirographe.
On le trouve en Méditerranée, dans les eaux peu profondes, dans le sable ou dans les fissures des rochers, également dans les bassins portuaires.
La photo prise aux abords du pont d'Aphrodite donne un aperçu de la beauté des coloris et de la variété des formes de ce ver marin.
Le spirographe passe toute sa vie dans le tube dur qu'il sécrète et qui émerge verticalement jusqu'à près de 20 cm au dessus de son environnement.
Pour se nourrir, il déploie une série de filaments ordonnés selon une spirale régulière. Les détritus qui tombent sur ce panache (pouvant atteindre un diamètre de 15 cm) sont agglomérés avec une sécrétion et, par des battements de cils microscopiques, conduits le long de "l'escalier en colimaçon" où un dispositif élimine les particules trop grosses pour être absorbées. Tout ce qui est digestible est ingéré et le reste est éliminé vers le bas à la partie arrière du corps dans le tube fermé à son extrémité. Ensuite, un "convoyeur" raffiné remonte ces résidus et les expulse du tube.
Il peut se retirer brusquement dans son tube
Quand une ombre se projette sur le ver, le spirographe se retire brusquement dans son tube. Les cils sont en partie transformés en crochets à l'aide desquels le ver peut s'accrocher et donc monter et descendre dans son tube. Quelques minutes après l'alerte, le panache ressort du tube et se déploie. Aux endroits où se trouve tout un groupe de spirographes, on a l'illusion d'assister à l'éclosion, sur le fond de la mer, des fleurs les plus magnifiques. Pendant tout le temps que dure la prise des aliments, les plumes du panache se balancent lentement dans toutes les directions comme de grandes antennes.
Les spirographes constituent malheureusement une attraction très prisée des aquariophiles marins. Il est très difficile d'en trouver qui se détachent aisément du sol sans tuer l'animal. En effet, sans son tube, le ver ne peut vivre. Après sa capture, il arrive souvent qu'il se débarrasse de son panache; mais celui-ci repousse à nouveau complètement au cours des semaines suivantes.
Il est donc inutile d'essayer d'en capturer : les spirographes sont bien plus utiles dans leur élément naturel puisqu'ils concourrent à la clarification de l'eau et à la beauté des fonds marins.